Une gourmandise de Muriel Barbery

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Une gourmandiseEnthousiasmée par l’élégance du hérisson, j’ai lu le premier roman écrit par Muriel Barbery. Un livre qui porte bien son nom de gourmandise.L’histoire est celle d’un critique culinaire, le plus grand du monde nous dit-on. Il va mourir, il le sait et recherche une … que dis-je, LA saveur grâce à laquelle il pourra partir en paix. Au fil des chapitres, il passe en revue gourmandises, agapes et autres délices sans trouver sa madeleine de Proust. En réponse aux recherches complaisantes du vieil homme, ses proches le décrivent en père absent, amant égoiste, bourgeois arrogant ou homme nostalgique … et dessinent le portrait d’un personnage complexe.Le roman de Muriel Barbery est bien écrit, peut-être trop bien même – on sent que chaque mot est choisi avec grand soin et le style est un peu précieux … enfin à mon goût. Mais tout ça, finalement, colle parfaitement avec le personnage du roman. Sa lecture reste donc un délice, qui met l’eau à la bouche à plusieurs reprises, l’auteure sachant à merveille retranscrire les mets en mots.L’extrait Dans le simple mot « sorbet », déjà, tout un monde s’incarne. Faites l’exercice de prononcer à voix haute : « Veux -tu de la glace ? » puis d’enchainer, immédiatement , sur « Veux-tu du sorbet ? », et constatez la différence. C’est un peu comme lorsqu’on lance, en ouvrant la porte, un négligent : « Je vais acheter des gâteaux », alors qu’on aurait très bien pu, sans désinvolture ni banalité, se fendre d’un petit « Je vais chercher des pâtisseries » (bien détacher les syllabes : non pas « pâtissries » mais « pâ-tis-se-ries ») et, par la magie d’une expression un peu désuète, un peu précieuse, créer, à moindres frais, un monde d’harmonies surannées. Ainsi donc, proposer des « sorbets » là où d’autres ne songent qu’aux « glaces » (dans lesquelles,  fort souvent, le profane range aussi bien les préparations à base de lait que d’eau), c’est déjà faire le choix de la légèreté, c’est prendre l’option du raffinement, c’est proposer une vue aérienne en refusant la lourde marche terrienne en horizon fermé. Aérienne, oui ; le sorbet est aérien, presque immatériel, il mousse juste un peu au contact de notre chaleur, puis, vaincu, pressé, liquéfié, s’évapore dans la gorge et ne laisse à la langue que la réminiscence charmante du fruit et de l’eau qui ont coulé par là.Une gourmandise de Muriel Barbery, 165 pages, en poche chez Folio (4,56 euros)

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