Coton GOTS, jersey Oeko-tex, chanvre made in France, lin bio : les alternatives écologiques existent aussi pour les couturières mais pas toujours facile de s’y retrouver quand on se pose pour la première fois la question de la qualité environnementale et sociale des matières premières avec lesquelles on coud nos vêtements. Après pas mal de recherches sur le sujet, je vous livre une explication (que j’espère) claire et facile pour savoir repérer les matières premières responsables.
La semaine dernière, c’était la Fashion Revolution, une semaine de sensibilisation visant à demander plus de transparence à l’industrie de la mode sur la façon dont sont produits les vêtements que l’on porte. Vous vous souvenez surement de l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble qui abritait une usine textile où environ un millier d’ouvriers ont trouvé la mort et 3500 ont été blessés alors qu’ils travaillaient pour 30 euros par mois ! C’est à ce moment là qu’est né l’idée de cette campagne.
En parallèle, In the Folds a lancé le hashtag #makersforFashioRev. Le principe est le même mais transposé au monde des couturières, car quand on fabrique ses vêtements sait-on toujours avec quoi on coud ? D’où vient le tissu que vous utilisez ? son impact sur l’environnement ? sur la santé ? Comment et par qui a-t-il été produit ? filé ? cultivé ? Et le fil ? … Bref, autant de questions qui font de la couture écolo et éthique un sujet complexe.
J’ai essayé d’y apporter ma modeste contribution sur Instagram. Loin de moi l’idée de culpabiliser les couturières (car faire ses vêtements soi-même, c’est déjà un pas vers une consommation responsable de la mode) mais plutôt celle d’interpeller mes éditeurs de tissus préférés et en savoir plus, car il n’est pas toujours facile de trouver des tissus tendance, beaux et bien faits ! Et en matière de transparence, il reste du travail à faire ! Quand vous débarquez dans un magasin de tissu ou dans votre mercerie préférée, il y a rarement une petite étiquette avec la provenance de chaque coupon.
J’ai reçu pas mal de messages à ce sujet. Certaines d’entre vous m’expliquant même être perdues : entre le lin produit en France mais souvent tissé à l’étranger, la peur de créer des vêtements pour vos enfants dans des matières nocives ou encore le manque de traçabilité des tissus. Le sujet est tellement complexe, qu’il faudrait un mémoire de 100 pages pour véritablement couvrir le sujet ! et je suis sûre que certains trouveraient encore à y redire.
Si vous avez envie d’en savoir un peu plus sur ce sujet, je vais tenter de vous donner des pistes de réflexion et de bonnes adresses : à quoi correspondent les labels que vous voyez le plus souvent ? où trouver des tissus certifiés ? made in France ?
Cet article n’est pas parfait, ma démarche n’est pas parfaite (il m’arrive de craquer pour un joli tissu pas du tout écolo ou éthique faute de moyens, parce que j’ai envie de me faire une jupe dans ce tissu à la mode qui m’a fait craquer ou pour toute autre raison), mais j’ai tendance à penser que chaque petit pas compte. Moi-même, j’ai beaucoup acheté de Fast Fashion, puis moins et ce sont ces petits pas qui m’ont permis aujourd’hui de me lancer dans un projet plus ambitieux (ne rien acheter de neuf pour moi cette année). C’est dans la continuité de cette réflexion que je me suis posée dernièrement la question du tissu que j’utilise.
Label et origine du tissu, qu’est ce qu’on achète ?
Il existe différents labels : oeko-tex, bio, GOTS. Chacun correspond à des critères bien précis (ou pas). Il y a ceux qui sont bons pour vous, pour l’environnement, pour les travailleurs, … et ceux qui ne veulent pas dire grand chose.
Vous pouvez aussi privilégier les circuits courts (le lin ou le chanvre par exemple se cultivent très bien en France).
Voici quelques informations pour vous permettre de faire le tri.
Le label GOTS
Des tissus vraiment bios et éthiques
Ce label ne se limite pas à l’agriculture bio des fibres mais également à une responsabilité éthique à toutes les étapes de la fabrication : de la fleur de coton au tissu fini.
Les produits chimiques toxiques pour l’environnement et nocifs pour l’homme y sont interdits. Un audit est réalisé tous les ans dans les usines pour vérifier qu’il n’y a pas de travail des enfants, que les salaires sont suffisants pour vivre, que le travail est décent est qu’une liberté syndicale est autorisée.
Oeko Tex
Des tissus sans produits nocifs pour votre santé
Ce label garantit des textiles sans produits toxiques pour le corps et pour l’environnement. C’est un gage de sécurité quant aux risques pour votre santé des produits contenus dans certains tissus : pas de colorants allergène ou azoïques (cancérigènes) et un pH compatible avec les peaux sensibles.
Par contre, il ne garantit en rien les conditions dans lequel votre étoffe est fabriquée et transformée. Les pesticides sont par exemple autorisés avec des valeurs limites.
Le Made in France
Des tissus (à priori) en circuits courts
Quand on sait que la plupart des tissus sont fabriqués à l’autre bout du monde, faire l’économie d’un transport coûteux en énergie et polluant est déjà un choix écologique.
Made in France ne veut pas forcément dire bio mais certains tissus made in France sont GOTS.
Made in France ne veut pas dire non plus que tout est fait en France (le coton peut venir d’Asie mais le tissu être fabriqué en France, subtil mais vrai). D’ailleurs même le label Origine France Garantie exige un minima de 50% du prix de revient unitaire français (permettant l’approvisionnement d’une partie des matières premières à l’étranger par exemple).
L’inverse peut aussi être vrai. Vous trouverez du lin produit en France mais il est souvent transformé à l’étranger faute de filatures françaises.
Dans la même logique, on trouve des tissus made in Europe (souvent la culture est réalisée en Turquie).
Les cotons “bios” ou “durables”
Des définitions variables
Vous verrez parfois la mention “Coton durable” ou “Coton bio”. Sans certificat, difficile de connaître le réel engagement derrière ce terme et de savoir ce que vous achetez véritablement.
Par exemple, seul la culture de la plante peut être bio, sans aucun effort sur la production du tissu ou sa teinture (activité ô combien polluante) par exemple. Il existe aussi des initiatives comme la Better Coton Initiative qui propose des formations pour les producteurs de coton pour entre autre réduire les pesticides, moins consommer d’eau mais sans critères contraignants.
Devant une étiquette, renseignez-vous sur ce que veut dire le label ou la mention indiquée. Si vous ne trouvez aucune information, le manque de transparence est souvent mauvais signe.
Les autres labels
Impossible de parler de tout ce qui existe, mais voici quelques liens vers d’autres labels applicables à la filière textile :
- L’éco-label européens – Produits textile
- Le label Fair Trade pour le coton
- Le label Blue Design (en anglais – lire cette page pour une explication en français)
- Le label Responsible Down Standard (pour les cuirs et duvets)
- Le label Fair Wear Foundation(en anglais – lire cette page pour une explication en français)
- Naturleder (pour le cuir) et Naturtextil (pour les tissus)
A lire aussi : le guide Label Fringue à télécharger sur le site Eco Conso
Alors, on choisit quoi ?
Ha ha, vaste question à laquelle j’ai tendance à répondre que tous vos choix de tissus pour coudre vos vêtements seront toujours mieux qu’un t-shirt en viscose vendu à 5€.
Le cabinet de conseils environnemental propose une hiérarchie des tissus selon leur impact, que j’ai découvert au fil de mes recherches sur le blog d’Amandine Cha.
Les tissus sont classés selon 5 critères : la toxicité pour l’homme (producteur et consommateur), la dégradation de l’environnement, le dégagement de CO², la consommation d’énergie et d’eau.
Mais attention, cette étude est menée uniquement sur la production des fibres textiles et ne prend pas en compte sa transformation.
Par exemple, la France est le premier producteur mondial de lin mais n’a plus les filatures pour transformer toutes les fibres localement. Elles partent donc souvent à l’étranger, en Hongrie, en Pologne voir en Chine.
Rien n’est parfait donc ! Vous faites déjà un effort, vous vous informez, vous faites vos vêtements . C’est un premier pas et demain, espérons pouvoir en faire un autre de plus !
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